Le doyenné Saint-Hippolyte de Bonnay

Saône-et-Loire, France

Les ruines imposantes de l’église de Saint-Hippolyte témoignent d’une période où ce petit village jouait un rôle clé dans le système domanial de l’abbaye de Cluny, du Xe au XIVe siècle.

L’installation des moines

Il est difficile de dire si l’installation clunisienne relève d’un projet mûrement réfléchi ou d’un concours de circonstances. Le promontoire naturel de Saint-Hippolyte qui domine la basse vallée de la Guye attirait sans doute bien des convoitises, d’autant, si l’on en croit la tradition, que le lieu passait pour être fréquenté depuis bien des générations pour sa source guérisseuse de fièvres. Toujours est-il que dès le milieu du Xe siècle les moines se font donner des terres et des droits dans la vallée de la Guye par des laïcs soucieux d’assurer leur salut.

Dans la seconde moitié du XIe siècle, ils s’efforcent d’articuler les biens acquis pour en faire un véritable domaine organisé autour d’un chef-lieu. C’est alors que Saint-Hippolyte devient un doyenné, établissement monastique rural administré par un moine, le doyen clunisois. Le processus ne va pas sans heurt, car le lieu est convoité par une famille qui s’impose alors comme les seigneurs du nord Clunisois, les Gros.

Non contents de construire une forteresse à Uxelles, ils acquièrent le château de Brancion dans les années 1070, puis s’opposent pendant plus de 150 ans aux moines au sujet de Saint-Hippolyte. Il faut attendre 1214 et l’arbitrage du roi de France, nouveau venu dans la région, pour que les moines soient reconnus comme les possesseurs exclusifs du domaine.

Les fonctions du doyenné

Le doyenné est d’abord un centre d’exploitation domaniale. Le doyen avait surtout des fonctions représentatives. Il déléguait l’administration et l’entretien à un prévôt laïque, lui-même entouré d’une vingtaine de serviteurs. Saint-Hippolyte produisait majoritairement des céréales et du vin, deux produits emblématiques qui évoquaient l’eucharistie, mais aussi des volailles, poules et chapons, et un cheptel non négligeable qui comptait des veaux, des boeufs, des ânes et surtout des porcs.

Plus des trois quarts des revenus étaient acheminés vers l’abbaye à trois termes de l’année, la saint Martin (11 novembre), la saint Vincent (22 janvier) et la saint Jean-Baptiste (24 juin), le reste étant vendu ou consommé sur place.

Le doyenné devait aussi assurer des services spécifiques comme la fourniture annuelle du pain pour l’ensemble des moines, tâche que Saint-Hippolyte partageait avec les doyennés de Lourdon et de Saint-Gengoux, et la nourriture complète pour tout le monastère un jour par an. Peu avant de mourir, l’abbé Hugues de Semur décida de fixer ce jour à la future date anniversaire de sa mort. Il montrait ainsi que les revenus de Saint-Hippolyte participaient au maintien de la communauté clunisienne forgée autour de la prière et de commémoration des morts.

D’autres indices montrent alors l’importance du doyenné. L’abbé de Cluny convoque parfois l’évêque de Mâcon, l’évêque d’Autun ou l’archevêque de Lyon lorsque les droits de Saint-Hippolyte sont menacés. Il arrive qu’il se déplace au doyenné avec sa suite pour régler les différends avec les Gros, et le 8 février 1107, c’est le pape lui-même, Pascal II, en visite en France, qui s’arrête une journée à Saint-Hippolyte, sur le chemin qui le mène de Cluny à Beaune.

Les bâtiments du doyenné

L’ampleur donnée aux bâtiments de Saint-Hippolyte prend ainsi tout son sens. L’église, sans doute construite au tournant des XIe et XIIe siècles est déjà à demi ruinée au XVIe siècle. Sa construction à trois nefs, son transept saillant, sa coupole sur trompes percée de pots acoustiques et les peintures murales du chevet annoncent un programme d’une grande ambition qui faisait de l’église un pôle essentiel du paysage local.

La fortification du clocher n’a fait qu’accroître cette impression. C’est autour de 1200 que les moines décidèrent de flanquer le clocher de deux massifs de constructions pour le transformer en véritable donjon et de prolonger le mur nord de la nef par un rempart allant se poser sur une tour, sans doute par peur d’une attaque subreptice, mais aussi pour manifester l’autorité monastique sur la vallée. On ne peut s’empêcher d’évoquer le donjon quadrangulaire de Brancion, construction des Gros, dont la tour de croisée de Saint-Hippolyte formait une réplique et un pied de nez.

La configuration actuelle des bâtiments adjacents ne permet guère d’apercevoir les parties médiévales qui auraient pu subsister, mais de nombreuses structures sont très certainement encore en place. Les travaux d’aménagement effectués par la compagnie de Bonnay à proximité du chevet de l’église et de la tour du rempart ont en effet montré les fondations d’un bâtiment médiéval.

Infos pratiques

  • Situation : à 10 km au nord de Cluny
  • Population : 338 habitants en 2014
  • Gare la plus proche : Montceau-les-Mines
  • Altitude : 230 m

Galerie Photos

Dans la nef de l’ancienne église de Bonnay

Dans la nef de l'ancienne église de Bonnay

Pilier dans la nef détruite de l’église

Pilier dans la nef détruite de l'église

Situation de Bonnay

A propos

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