Quimper, une ville d’art et d’histoire au patrimoine unique

Bretagne, France

Si le Finistère à deux capitales, c’est bien Quimper qui reste son centre traditionnel et historique, Brest représentant davantage son aspect contemporain. Merveilleusement située dans l’anse de l’Odet, au confluent des « deux plus jolies rivières de France », Quimper vit au rythme des marées, qui, chaque jour, remontent jusqu’au cœur de la ville.

Au détour des rues, entre légendes et histoire

Pendant longtemps, elle fut appelée Quimper-Corentin, du nom d’un évêque, l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne et ami du roi Gradlon, dont la statue domine la ville entre les flèches de la cathédrale. Jusqu’au XVIIIe siècle, chaque année, une fête était donnée en l’honneur de ce roi de la cité d’Ys engloutie, qui se réfugia dans la vieille capitale de Cornouaille. Un homme montait sur la statue et offrait aux lèvres de pierre un verre de vin. Après l’avoir bu lui-même, il le lançait à la foule rassemblée sur la place. Celui qui l’attrapait recevait cent écus d’or de la ville.

L’histoire raconte que personne n’y arriva jamais, les autorités faisant donner quelques traits de scie sur le verre pour protéger les finances. « Dieu nous préserve du voyage » persiflait La Fontaine ; mais le poète avait-il admiré la colline boisée du mont Frugy, les remparts et ponts fleuris et l’ancien quartier aux ruelles qui serpentent, « faites pour les pensées flâneuses » selon Flaubert ?

Construit autour de la cathédrale, cœur de la cité, le vieux Quimper conserve halles, prison, marché et tribunal. Les rues rappellent par leur nom les anciennes corporations : la rue Kéréon (« des Cordonniers »), le chemin des Potiers, le quartier des Tanneurs ou la rue des Boucheries ont oublié leurs origines, mais sont hauts en couleur et ont gardé l’atmosphère animée du Moyen Âge.

Dans la rue du Guéodet, la taverne des Cariatides, de la fin du XVe siècle, orne ses piliers de sculptures burlesques qui représentent des truands de l’époque de la Ligue. Partout, colombages et pignons accrochent le regard, et chaque place pavée offre une échappée sur la cathédrale. Car Quimper, c’est d’abord, à l’époque médiévale, une ville close autour du siège épiscopal.

La cathédrale Saint-Corentin

Commencée au XIIIe siècle et prolongée deux siècles durant, la cathédrale gothique est un des plus grands témoignages de la foi et de l’art bretons, avec les cathédrales de Tréguier et de Saint-Pol-de-Léon. La façade, d’un granite lumineux, dessine des lignes sobres et équilibrées. Son abside penchée à droite – ainsi que sur son épaule la tête du Christ mourant, comme on l’a écrit – vient probablement d’une volonté de raccorder à la nef la chapelle Notre-Dame-Des-Victoires, qui se trouvait à l’emplacement d’origine.

À l’intérieur, les moulures des arcades et les chapiteaux traduisent une influence normande, mais, s’en dégageant assez vite, l’ensemble réunit toutes les phases du caractère typiquement breton. De second ordre, les vitraux du XVe siècle des fenêtres hautes illuminent joyeusement le gris de murs. Autels en bronze, fresques, défilé de seigneurs avec les tombeaux à gisant et de saints avec de nombreuses statues des XIVe et XVe siècles garnissent l’édifice, mêlant l’histoire et la foi.

Les Cornouaillais honorent spécialement la mémoire d’un franciscain, Jean Discalcéat (Jean le Déchaussé), originaire du Léon, qui défendit Quimper contre les troupes de Charles de Blois et prédit une épidémie de peste. La statue du « petit saint noir », au fond de la cathédrale, ne cesse d’attirer la ferveur populaire. Il est invoqué pour retrouver les objets perdus et pour le beau temps. Sa réputation est telle que des lettres furent envoyées de la France entière avec la seule inscription : « Au petit saint de Quimper. »

Au XIXe siècle, les deux flèches coniques qui dominent la cathédrale furent construites grâce aux efforts des paroissiens ; pour les financer, l’évêque demanda à chacune de ses ouailles un sou par an pendant cinq ans. Celles que les habitants appelaient avec malice « les éteignoirs de saint Corentin » se soudèrent en peu de temps avec le reste de l’édifice grâce à la patine du climat et, aujourd’hui, il est difficile d’imaginer qu’elles ne datent que d’un siècle.

Infos sur Quimper

  • Département : Finistère (29)
  • Région : Bretagne
  • 63532 habitants en 2013
  • Superficie : 84,45 km2

Plan de Quimper

Galerie Photos

Les flèches de la cathédrale culminent à plus de 75 m

Les flèches culminent à plus de 75 m

De magnifiques vitraux

De magnifiques vitraux aux couleurs chatoyantes

“ On n’est pas longtemps à faire le tour de semblables cités, à les connaître dans leurs replis les plus intimes et l’on y découvre parfois des coins qui arrêtent et vous mettent le cœur en joie.”

Flaubert

Du mont Frugy à Locmaria

Non loin de la cathédrale, la promenade du mont Frugy séduisit Flaubert lors de son passage dans la ville : « Je sais peu de choses d’un aspect aussi agréable que cette allée qui s’en va indéfiniment au bord de l’eau et sur laquelle l’escarpement presque à pic d’une montagne toute proche déverse l’ombre foncée de sa verdure plantureuse. » D’allée en allée, elle conduit au bourg de Locmaria, vieille cité gallo-romaine. Là se trouvent les ateliers de faïence dont les produits ont popularisé la Bretagne au XVIIIe siècle, répandant partout en France les images typiques de la province.

L’église Notre-Dame de Locmaria, remaniée au XVe siècle, date du XIe. Une poutre de gloire avec le Christ en robe rouge est un des rares éléments décoratifs de l’intérieur, très sobre. Flaubert y remarque « un vrai bénitier catholique, fait pour y plonger tout le corps d’un enfant… avec son eau claire rendue plus limpide encore par la couche verdâtre du fond, cette végétation qui a sourdi dans le calme religieux des siècles, ses angles usés, sa lourde masse couleur de bronze, il ressemble à un de ces rochers creusés d’eux-mêmes dans lesquels on trouve de l’eau de mer ». Une porte ouvre sur les arcades de l’ancien cloître, dans le jardin du prieuré bénédictin dont l’église dépendait.

Au pied du mont Frugy, de part et d’autre de la cathédrale, deux musées retiennent l’attention. Le Musée breton, dans un bel hôtel Renaissance, expose de nombreuses céramiques de Locmaria, avec particulièrement des saintes du XIXe siècle aux couleurs vives, d’une facture maladroite et touchante. Évoquant la vie quotidienne et artistique de la basse Bretagne, il présente aussi des costumes populaires, des meubles, des vitraux, des poutres sculptées, et même un menhir orné de quatre divinités du Panthéon gallo-romain.

Le tombeau gothique de Troïlus de Mondragon, en granite de Kersanton, est remarquable : dix arcades entourent des écus armoriés. Le gisant pose les pieds sur un lion. Sa cuirasse, ses yeux ouverts et le geste de ses mains sont d’un réalisme tout à fait étonnant ; l’ensemble majestueux donne l’impression de se trouver en face d’un personnage important. Plus discrète, la Pietà venant du calvaire de Saint-Maudez-en-Edern est un chef-d’œuvre du genre.

Le musée des Beaux-Arts, au premier étage de l’hôtel de ville, possède des peintures du XVIe au début du XXe siècle, des écoles française et étrangères. Le Saint Sébastien de Carrache, le Martyre de sainte Lucie de Rubens sont intéressants. L’école française y est bien représentée : Oudry, Corot, de nombreux tableaux de l’école de Pont-Aven avec l’Étude de Bretonne de Bernard, qui influencera fortement Gauguin, Sérusier, Meyer de Haan et Maufra.

Une salle est entièrement consacrée à Max Jacob, dont Quimper est la ville natale. Dessins, manuscrits et lettres étayent un portrait de l’auteur du Cornet à dés. Des œuvres de ses amis, dont Picasso, Cocteau, Carlo Rim ou Roger Toulouse, complètent l’ensemble. Quimper est aussi le berceau du grand médecin et chirurgien Laënnec.

Galerie Photos

Linteau sculpté de la porte

Linteau sculpté de la porte de la cathédrale

La nef de la cathédrale restitue la polychromie

La nef de la cathédrale restitue la polychromie

Vitraux à la croisée du transept

Vitraux à la croisée du transept

A propos

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