Le Reichstag, symbole de la réunification de l’Allemagne

Symbole de la réunification du pays, l’imposant bâtiment du Reichstag a rouvert ses portes en avril 1999 après des travaux de restructuration confiés au célèbre architecte britannique Norman Foster. Coiffé d’une éblouissante coupole en verre et acier, il joue à nouveau son rôle de siège du Parlement allemand, le Bundestag. Par son architecture et sa transparence, il exprime la volonté d’ouverture du monde politique aux citoyens, mais aussi le dialogue devenu possible en Allemagne entre le passé et le présent.

La construction du palais du Reichstag

L’Allemagne impériale était unifiée depuis déjà plus de 20 ans lorsque, en 1894, la construction du Parlement fut enfin achevée. L’empereur Guillaume II, peu favorable à la démocratie parlementaire, avait tenu à ce que tous les détails de sa conception lui soient soumis.

Malgré cela, une fois fini, le grand édifice néo-Renaissance ne trouva pas grâce à ses yeux. Le souverain y vit « le comble du mauvais goût » et, faisant allusion à l’activité qui s’y déroulait, le taxa de « ménagerie ». Le Reichstag eut sa revanche, car c’est de là que la fin de la dynastie des Hohenzollern fut annoncée en novembre 1918 et que la république allemande fut proclamée.

Les séquelles de la guerre

Le 27 février 1933, le bâtiment fut incendié et partiellement détruit par les flammes. Un communiste d’origine hollandaise, atteint d’une maladie mentale, fut jugé responsable et condamné à la peine capitale. Dans les faits, il est probable que les véritables auteurs étaient des agents nazis. Quoi qu’il en soit, l’incendie du Reichstag servit de prétexte à Hitler pour terroriser et emprisonner ses opposants, dont de nombreux députés.

Lorsque l’Armée rouge entra dans Berlin en avril 1945, les dernières unités allemandes se retranchèrent dans le Reichstag, dont les murs étaient capables de résister aux tirs d’artillerie conventionnelle. La forteresse fut prise d’assaut le 30 avril, et la photographie des soldats russes hissant le drapeau rouge sur la coupole béante est l’une des plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale.

Dans les années d’après-guerre, le parvis du Reichstag en ruine servit de point de ralliement à quantité de manifestations. Lorsque, en 1948, le blocus de Berlin fut annoncé par les Soviétiques, c’est là que la foule se rassembla pour écouter le maire, Ernst Reuter, lancer son vibrant appel au monde libre : « Voyez cette ville [Schaut auf diese Stadt] et comprenez que vous ne pouvez ni ne devez l’abandonner ! » Berlin ne fut pas abandonnée, mais la construction du Mur en 1961 coupa le Reichstag des quartiers du centre.

De la réhabilitation à la réunification

Après la réhabilitation de l’intérieur du bâtiment, dans les années 1970, le gouvernement soviétique fit pression sur les autorités ouest-allemandes pour qu’aucune session parlementaire ne s’y tienne. On y installa à la place une exposition permanente sur l’histoire allemande, qui est un passage obligé pour les groupes d’écoliers venus de l’Ouest.

Après la réunification, de nombreuses voix s’élevèrent contre le transfert du siège du gouvernement de Bonn à Berlin. Dans l’esprit de beaucoup d’Allemands, le bâtiment du Reichstag rappelait avec trop de force les aspects les plus sombres de l’histoire du pays. En 1995, l’emballage du monument dans des bâches de plastique argenté – confié à l’artiste bulgare Christo – a contribué à modifier la perception qu’en avaient les Berlinois.

L’édifice a été nettoyé et restructuré avec beaucoup de talent par Norman Foster. La grande coupole de verre rappelle celle qui existait à l’origine tout en exprimant le renouveau architectural de la ville.

Le Reichstag étant très visité, il est conseillé d’arriver de bonne heure si l’on veut éviter la file d’attente. Un ascenseur mène à la terrasse panoramique aménagée à l’intérieur de la coupole. En gravissant la rampe hélicoïdale jusqu’à la plate-forme, on peut à la fois observer les députés dans l’hémicycle et admirer tout Berlin.