Les quatre larges boulevards, Strandvägen, Karlavägen, Narvavägen et Valhallavägen, tracés près de Ladugårdsgärde, un parc immense, font d’Östermalm l’un des quartiers les plus cossus de la ville. Outre les ambassades et les sièges de la Radio et de La Télévision suédoises, quatre grands musées, ainsi que Kaknästornet, s’élèvent dans cette oasis de verdure. La zone comprise entre Östermalm et les anciens terrains de manœuvres militaires fut aménagée au cours des années 1930, comme en témoignent les immeubles de style fonctionnaliste typique de cette période.
Au début des années 1900, les dix plus riches citoyens de Stockholm vivaient dans des palais nouvellement construits le long de Strandvägen. Sept d’entre eux étaient des marchands en gros. Jusqu’à la Grande Exposition de 1897, l’ancienne Ladugardslands Strandgata, en réalité un chemin de colline boueux, se transforma lentement en « une rue telle n’en existe aucune autre en Europe ». Le processus fut long. Même après que tous les immeubles eurent été achevés, le quai de bois construit dans les années 1860 resta une offense pour les yeux. Il continua pourtant à être utilisé jusque vers 1940, pour décharger le bois en provenance des îles de l’archipel.
Strandvägen devint un élégant boulevard. on s’y promène sous ses trois rangées de tilleuls pour admirer les belles façades, contempler les bateaux ou tout simplement pour voir et être vu.
Les financiers qui soutenaient les projets de constructions au début des années 1900 firent appel aux meilleurs architectes, en particulier à Isak Gustaf Clason (1856-1930). Ce dernier, influencé par la Renaissance française et italienne, conçut Thaveniuska Huset (numéros 19-21) et Bünsowska Huset (numéros 29-35), ornées de portails de bois, et Von Rosenka Palatset, au numéro 55.
Jusqu’aux années 1940, des voiliers chargeaient du bois de chauffage à Roslagen, sur la mer Baltique, pour le transporter jusqu’aux quais de Strandvägen. Vers 1950, des admirateurs enthousiastes achetèrent ces bateaux. Certains furent rénovés et voguèrent jusqu’aux Caraïbes, d’autres furent transformés en clubs de jeu clandestins. Grâce à une nouvelle réglementation portuaire, deux associations destinées à administrer les embarcations furent créées. Les propriétaires actuels des 40 voiliers désirent simplement préserver une partie de l’héritage culturel du pays.
Jusqu’en 1885, Karlavägen, baptisé Esplanaden, était une avenue de 42 m de large, plantée de tilleuls et de massifs. Vers la fin du XIXe siècle, plusieurs immeubles y furent érigés dans le style néo-Renaissance. Cette voie a conservé son aspect de grand boulevard en dépit de nombreux bâtiments, boutiques et bureaux récents.
Depuis les années 1960, la partie centrale du boulevard s’est transformée en galerie de sculpture. Aux carrefours se dressent : à Engelbrektsgatan, La Ville, de Lars Eric Husberg ; à Villagatan, une effigie féminine de Paul Cornet ; à Floragatan, Mimi, de Gunnar Nilsson, qui figure également à d’autres endroits de la capitale ; à Sturegatan, Fer vivant, de Willy Gordon, offert par la compagnie minière LKAB. Au numéro 45, le siège de cette dernière s’orne sur la façade d’un relief exécuté par Erik Grate, en 1970. À la même intersection avec Sturegatan trône Scatola, d’Arnaldo Pomodoro, sculpteur italien.
À l’angle de Nybroplan, on contemple Attelage d’hommes – de chevaux, d’Asmund Arle ; à Sibyllegatan, Femme au miroir, d’Ebba Ahlmark-Hugues ; devant l’Östra Real se trouve un buste d’Aron Sandberg, représentant August Blanche, écrivain (1811 – 1868) ; là se dresse aussi l’école secondaire conçue par Ragnar Östberg, avec des sculptures de Carl Eldh. À Greygatan, on peut voir Mer montante, de Hakan Bonds ; à Karlaplan, une statue de marbre de Gert Markus ; à Tysta Gatan, Jeanette, de Curt Thorsjö, et à Banérgatan, Urne, de Hedy Jolly-Dahlström. Enfin, au numéro 100, à l’entrée d’un bâtiment administratif, se trouve un groupe de sculptures de Gustav Kraitz. La fontaine et l’étang circulaire de Karlaplan furent ajoutés en 1929. L’Aviateur, de Carl Milles, fut inauguré deux ans plus tard.
Le siège de la Radio suédoise (SR) et de la Télévision suédoise (SVT), conçu par les architectes Erik Ahnborg et Sune Lindström, occupe un site de 12 ha le long de Ladugardgärde. Cet ancien terrain d’entraînement militaire comporte encore trois constructions témoignant de son passé : l’entrepôt souterrain de poudre à canon (1717), le garage à carrosses en pierre (1750) et les entrepôts de style Karl Johan (1820). Les deux architectes créèrent également Berwaldhallen, une salle de concert reliée aux SR et SVT par un tunnel.
Les retransmissions de la Radio suédoise commencèrent à Malmskillnadsgatan, le 1er janvier 1925. En 1928, la SR déménagea au numéro 8 de Kungsgatan, qu’elle quitta en 1961 pour ses locaux actuels.
La SVT débuta ses émissions depuis les anciens bâtiments du régiment d’artillerie Svea, le 24 octobre 1954. En 1969, elle s’installa sur le domaine actuel. Un immeuble de bureaux fut ajouté quatre ans plus tard. Des extensions effectuées de 1983 à 1987 fournirent des studios d’informations télévisées. La SVT, qui couvre maintenant 51 600 m2, comprend huit studios, dont trois consacrés aux émissions d’informations.
Les beaux immeubles du quartier d’Östermalm
Reflet dans une flaque à Östermalm
Dans les rues d’Östermalm en hiver
Immeuble luxueux à Östermalm
“ Autrefois très rural, Östermalm fut transformé à la fin du XIXe siècle en un quartier luxueux, aux grands boulevard élégants contrastant avec le style fonctionnaliste de Gärdet, secteur voisin. ”
Le 30 novembre 1979, l’Orchestre symphonique et le Chœur de la Radio suédoise se virent attribuer leur propre salle de concerts : la Berwaldhallen. Depuis, la salle est devenue une vitrine nationale pour la musique suédoise. Elle fut baptisée en hommage à Franz Berwald (1796 – 1868), l’un des plus grands compositeurs du pays. Les architectes Erik Ahnbord et Sune Lindström reçurent une récompense pour leur « salle de concerts magnifique et conçue avec sensibilité ». Différents artistes furent chargés de décorer le foyer, parmi lesquels Hans Viksten et Hertha Hillfon. La nature a aussi contribué à l’édifice, puisque la roche environnante a été dynamitée de manière à ensevelir les deux tiers de ce bâtiment hexagonal.
L’Orchestre symphonique et le Chœur de la Radio suédoise donnent chaque année une centaine de représentations dans cette salle de renommée mondiale, qui peut accueillir jusqu’à 150 000 spectateurs par an. Fin août, le festival de la mer Baltique réunit des interprètes de musique classique mondialement connus.
Les villas élégantes qui donnèrent à ce quartier son nom (quartiers des Diplomates) s’alignent le long de Nobelgatan et de la partie est de Strandvägen (à partir du numéro 74). La première maison construite pour un diplomate étranger fut érigée vers 1910, lorsque les ambassadeurs britanniques déménagèrent au Nobelgatan 7. Non loin se dresse l’église anglaise (Engelska Kyrkan), construite au centre de la ville en 1860, puis transférée dans ce quartier en 1913.
Vers 1980, l’édifice fut enfin terminé avec l’ajout d’une salle paroissiale octogonale. La villa Bonnier, au numéro 13, conçue par Ragnar Östberg, fut offerte à l’État par une éminente famille d’éditeurs. Elle est maintenant utilisée par le gouvernement pour des fonctions officielles.
Les ambassades de Hongrie, Turquie, Corée du Sud, Norvège, États-Unis, d’Allemagne et du Royaume-Uni sont situées dans ce périmètre ou en sont proches. Nobelparken porte le nom d’Alfred Nobel (1833 – 1896). Au début du XXe siècle, l’architecte F. Boberg s’attela à un projet de palais Nobel dans le parc, qui n’aboutit pas. Du côté nord de Strandvägen se dresse la villa Törner, une maison de bois construite en 1880, du nom d’un maître de feu de l’usine de poudre à canon de Nobelparken.
Gärdet est l’une des plus vastes banlieues résidentielles de Stockholm. Elle est le résultat d’un concours de design lancé à la fin des années 1920 et remporté par l’architecte Arvid Stille. Gärdet illustre à merveille la grâce du fonctionnalisme suédois. Ce mouvement qui fit la renommée de la Suède à l’époque continue d’exercer une forte influence de nos jours.
L’une des caractéristiques majeures de l’architecture suédoise des années 1920 est l’importance accordée à la décoration. Ce principe est toujours un des fondements de l’idéologie fonctionnaliste. Les maisons individuelles de Gärdet furent conçues et construites entre 1935 et 1939 par un grand nombre d’architectes qui suivirent tous le plan d’Arvid Stille.
Ancrée par 72 piliers d’acier plantés à 8 m de profondeur dans le roc, cette tour s’élance à 155 m de hauteur. Conçue par Bengt Lindroos et Hans Borgström, elle fut inaugurée en 1967. La tour a été érigée pour abriter le centre de la Radio et de la Télévision nationales. Elle contient également des équipements techniques sophistiqués permettant de tenir des conférences par satellite entre les villes d’Europe. Cinq paraboles à l’est de l’édifice – dont la plus large a 13 m de diamètre – captent et renvoient les signaux en provenance et en direction de différents satellites.
La salle principale, qui contient émetteurs et récepteurs, fut creusée dans la roche, sous les paraboles. Les points d’observation des niveaux 30 et 31 offrent une vue panoramique de la ville – ce qui est aussi le cas du restaurant du 28e étage. On y accède par deux ascenseurs évoluant à 18 km/h. Le restaurant possède également un office de tourisme au niveau de l’entrée, qui vend des plans et des souvenirs. La tour s’orne d’un relief de Walter Bengtsson, inspiré par la technologie intimidante qu’elle abrite.
Salle de concerts : la Berwaldhallen
Entrée de Berwaldhallen
Ambassade de France en Suède
Djurrgårdsbron, pont à Östermalm
Kaknästornet, la tour Kaknäs
“ Dramaturge et réalisateur, Ingmar Bergman est né à Östermalm en 1918. Auteur de nombreux films exceptionnels qui lui ont valu une renommée mondiale, ce cinéaste a commencé sa carrière au théatre. ”
Dès le XVe siècle, il existait une ferme royale sur le site où s’étend maintenant Nobelparken. Au bout de 250 ans, elle perdit son utilité et servit de lieu d’entraînement pour la garnison de Stockholm. Entre la forteresse royale (Kungliga Borgen) et Hakberget se dressent, depuis 1672, les vestiges du fort de Charles XI, en grande partie reconstruit avant 1990, date des Championnats du monde d’équitation. Au début des années 1900, cet endroit fut utilisé pour les défilés du 1er Mai. Vers 1920, il accueillit des courses de voitures. Au XXe siècle, il fut rebaptisé Gärdet et perdit son rôle militaire.
De la forteresse royale, Charles XIV observait les manœuvres des troupes. Il se rendait ensuite à cheval au palais de Rosendal, sur l’île de Djugarden, grâce à un ponton situé près de l’actuel musée de la Marine. En grande partie détruite par le feu, en octobre 1977, la forteresse fut reconstruite selon son aspect original. Elle abrite un restaurant d’été.
Il se passe toujours quelque chose à Gärdet. Le site est le point de départ de courses amusantes, le cadre de fêtes du cerf-volant et l’aire d’envol de montgolfières. C’est également une zone de promenade appréciée pour les chevaux et les chiens.
Trois générations de Tessin, célèbre famille d’architectes, ont donné leur nom à ce parc, ouvert en 1931. Il est orné de pelouses, d’aires de jeux, d’allées et d’étangs. Les maisons qui le bordent ont été construites entre 1932 et 1937. Elles possèdent un jardin et se fondent complètement dans le parc. Les maisons avoisinantes, très proches de Valhallavägen, gardent des traces du néoclassicisme des années 1920, bien que Gärdet soit véritablement fonctionnaliste. Les maisons blanches plus basses qui longent Askrikegatan, au nord du parc, sont également de style fonctionnaliste, mais sont très différentes des autres bâtiments. Quelque 60 architectes, dont Sture Frölen, participèrent à l’élaboration de ce quartier.
Vacances d’une ménagère, une statue de granit d’Olof Thorwald Ohlsson représentant une femme avec une valise, se dresse dans la partie du Tessinparken qui jouxte Valhallavägen. L’autre extrémité s’orne d’une statue de béton colorée, L’Œuf, réalisé par Egon Möller-Nielsen.
Deux canons, une hélice d’avion et une ancre du XVIIIe siècle gardent l’entrée du bâtiment. Agréablement rénové, ce dernier semble plus bas qu’il ne l’est en réalité, car il est surplombé par Valhallavägen.
Cette bâtisse, qui était à l’origine la base du régiment d’artillerie, est l’un des nombreux édifices militaires conçus par l’architecte Ernst Jacobsson. Quand Nybrogatan fut creusée à travers la colline de Tyskbagarbergen, les constructions du régiment constituèrent une sorte de toile de fond à la rue nouvellement prolongée.
Le régiment déménagea en 1949 pour laisser la place tout d’abord à la Radio suédoise, puis à l’Académie militaire. C’est dans l’actuel gymnase de cette dernière que débutèrent les émissions de télévision en Suède, comme le précise une plaque : « De ce bâtiment, le premier programme de télévision régulier fut retransmis, le 24 octobre 1954. »
À l’occasion des Jeux Olympiques de 1912, un nouveau stade fut construit à Stockholm. L’architecte, Torben Grut (1871 – 1945), suivit les influences du style romantique national de l’époque et bâtit une structure « utilisant des méthodes de construction modernes, adaptées des techniques de construction de brique médiévales traditionnelles ». On comprend pourquoi ce lieu, le plus ancien site olympique du monde toujours en fonction, est souvent désigné sous le terme de « stade-forteresse ».
Outre les Jeux Olympiques de 1912, le stade accueillit les championnats de hockey et de bandy (sorte de hockey), les Championnats d’Europe d’athlétisme de 1958 et les Championnats du monde d’équitation de 1990. En outre, il organise un gala d’athlétisme tous les étés.
Cet édifice classé, doté de deux tours jumelles et richement décoré, s’orne, sur la tour de l’Horloge, de deux effigies, Ask et Embla, pendants d’Adam et Ève dans la mythologie nordique. Il abrite aussi les bustes de Victor Balck, qui organisa les Jeux Olympiques de 1912 ; de P.H. Ling, père de gymnastique suédoise ; et d’Edwin Wide, adversaire du grand athlète finlandais Paavo Nurmi, dans des courses de longue distance au cours des années 1920.
Quatre sculptures furent ajoutées vers 1930. Bruno Liljefors, artiste et gymnaste (plus connu pour ses peintures animalières), créa Le Jeu, à l’entrée principale. Carl Eldh signa Les Coureurs, et Carl Fagerberg Coureurs de relais et Le Lanceur de poids.
Hélicoptère Black Hawk à Gärdet
Des cavaliers à Ladugårdsgärdet
Bâtiments de style fonctionnaliste à Nobelparken
Statue Vacances d’une ménagère de Ohlsson
Coureurs sur le stade olympique de Stockholm
6 juin 2021
Les quatre larges boulevards, Strandvägen, Karlavägen, Narvavägen et Valhallavägen font d’Östermalm l’un des quartiers les plus cossus de la ville. Outre les ambassades et les sièges de la Radio et de La Télévision suédoises, Kaknästornet s’élève dans cette oasis de verdure.
