Les musées du Vatican, visite de 1400 salles d’art séculaire

Rome, Cité du Vatican

Quelle que soit la période, la visite des musées du Vatican (musei Vaticani) n’est jamais facile. Qui plus est, les entrées sont parfois fermées dans la journée afin de réguler le flot des visiteurs. Aux périodes d’affluence, choisissez plutôt la fin de matinée, vers 11h30, pour vous épargnez les longues files d’attente qui se forment à l’ouverture du musée. Attention toutefois : la dernière admission se fait une heure, voire plus, avant la fermeture. Possibilité d’un audioguide et différents circuits proposés.

L’origine de ces musées remonte à Jules II, qui fit déposer en 1503 des œuvres antiques dans la cour du palais du Belvédère. Ses successeurs l’imitèrent, réunissant des œuvres grecques, romaines, paléochrétiennes et chrétiennes. Deux papes en particulier, Clément XIV et Pie VI, contribuèrent à leur développement et à leur gloire. Les musées n’ont cessé d’être enrichis jusqu’à nos jours.

Ils sont immenses, et vous ne pourrez pas tout voir en une seule visite. Choisissez les endroits qui vous intéressent le plus. À moins de prévoir plusieurs jours de visite, concentrez-vous sur ces derniers, d’autant que vous aurez du chemin à parcourir : la chapelle Sixtine, pour commencer, se trouve à 500 mètres de l’entrée principale.

Passez la toute nouvelle entrée sur le viale Vaticano, prenez l’escalator au sommet et grimpez les dernières marches : vous trouverez à votre droite la Pinacoteca (galerie de peintures). Ceux qui visitent les lieux pour la première fois souhaiteront se rendre sans tarder aux chambres de Raphaël et à la chapelle Sixtine : ils devront prendre sur la gauche le Vestibolo dei Quattro Cancelli (vestibule des Quatre Portes), non sans admirer au passage le Cortile delle Pigna (cour de la Pomme de pin), ainsi nommé parce qu’il est dominé par une pomme de pin monumentale, un bronze antique trouvé près de Santa Maria Sopra Minerva. Ensuite, tournez à gauche et prenez l’escalier menant au premier étage, où vous arriverez dans la salle de la Croix Grecque qui fait partie du musée Pio Clementino. Ne manquez pas les deux extraordinaires sarcophages en porphyre qui y sont exposés ; dans celui de droite, décoré de scènes de bataille, repose sainte Hélène, mère de Constantin.

Empruntez les escaliers jusqu’au deuxième étage, puis longez le couloir qui abritent trois galeries successives : la Galleria dei Candelabri (candélabres), la Galleria degli Arazzi (tapisseries) et la Galleria delle Carte Geografiche. Les fresques de cette dernière, très intéressantes, figurent les possessions de l’Italie et de l’Église dans les années 1580. Des fenêtres de droite, on aperçoit une charmante villa Renaissance, la Casina di Pio IV, et les jardins du Vatican. La Salla dell’Immacolata tout au bout, mène aux Stanze di Raffaello (chambres de Raphaël).

Stanze di Rafaello

Les quatre chambres de Raphaël furent réalisées à la demande du pape Jules II en 1508, sous prétexte que les appartements pontificaux existants lui rappelaient trop son prédécesseur honni, Alexandre VI Borgia, et sa famille. Les deux premières, la Stanza della Segnatura et la Stanza di Eliodoro, sont considérées comme les plus belles réalisations de Raphaël. La Stanza dell’Incendio a été réalisée d’après les dessins de Raphaël par des élèves du maître. La dernière, la Stanza di Costantino, ne fut terminée qu’en 1524, après la mort du peintre, qui n’en réalisa vraisemblablement que quelques croquis préliminaires. La salle a été décorée essentiellement par Giulio Romano, Francesco Penni et Raffaellino del Colle. Ses fresques évoquent des épisodes de la vie de Constantin dont le thème sous-jacent et le triomphe du christianisme sur le paganisme.

La stanza delle Segnatura (chambre de la Signature) était la bibliothèque et le cabinet de travail de Jules II. C’est la plus connue car elle abrite deux des plus célèbres réalisations de Raphaël, La Dispute du Saint-Sacrement et L’École d’Athènes, exécutées entre 1508 et 1511 pour glorifier respectivement la foi et la philosophie.

Dans La Dispute du Saint-Sacrement, le Christ, la Vierge et saint Jean-Baptiste sont entourés de personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais seuls ceux du Nouveau Testament (qui n’appartient qu’à la religion chrétienne, contrairement à l’Ancien Testament) ont une auréole. On y aperçoit un autel avec l’Hostie et les Docteurs de l’Église, des saints et des martyrs. On peut même y voir Dante représenté sur la droite de la partie inférieure.

Dans L’École d’Athènes (ci-contre), Platon et Aristote sont en grande conversation dans une immense basilique. Raphaël aimait représenter ses contemporains et les références sont nombreuses. Platon a le visage de Léonard de Vinci. Raphaël lui-même est le second personnage à l’extrémité du groupe de gentilshommes coiffés de chapeaux sur la droite. Juste en face, Euclide a les traits de Bramante et se penche, compas en main, pour expliquer son théorème à ses élèves. (Bramante est également représenté dans la Dispute du Saint-Sacrement, appuyé sur la rampe à l’extrémité gauche) Au premier plan, le personnage plongé dans ses réflexions, la tête appuyée sur sa main gauche et prenant des notes, est Héraclius, le pessismiste, représenté sous les traits de Michel-Ange.

La stanza di Eliodoro (chambre d’Héliodore) était à l’origine l’antichambre privée de l’appartement. Elle fut décorée entre 1512 et 1514 sur le thème du miracle. Elle se distingue par sa palette de couleurs et par l’utilisation théâtrale de la lumière, comme dans La Délivrance de saint Pierre (libéré par un ange de sa prison de Jérusalem). Dans l’angle inférieur droit de La Messe de Bolsena, qui illustre le miracle de Bolsena (une hostie ensanglantée apparue à un prêtre doutant de la transsubstantation), on aperçoit des gardes suisses.

On peut également y admirer Héliodore chassé du temple (par des anges alors qu’il venait de dérober le trésor du temple de Jérusalem) et Léon le Grand arrêtant Attila (le pape Léon Ier, 440-461, se présenta désarmé devant Attila et les Huns, qui renoncèrent à attaquer Rome au Ve siècle). Ici, le penchant de Raphaël pour la représentation de ses contemporains l’obligea à peindre deux fois le même visage : en effet, après la mort de Jules II, il dut repeindre le visage de Léon le Grand sous les traits du nouveau pape Léon X (1513-1521). Comme ce dernier était déjà représenté sous les traits d’un des cardinaux, il apparaît ainsi deux fois dans la même scène.

La stanza dell’Incendio del Borgo (chambre de l’Incendie du Borgo) était une salle à manger. Peinte entre 1514 et 1517 par les élèves de Raphaël d’après ses dessins et ses cartons, elle illustre des épisodes de la vie des papes Léon III et Léon IV (représentés sous les traits de Léon X). On y voit notamment comment, en 847, Léon IV (auquel on doit les remparts du Vatican) éteignit un incendie qui ravageait le quartier voisin du Borgo en faisant un signe de croix.

Derrière les chambres de Raphaël, la jolie Cappella di Niccolo V (chapelle de Nicolas V) est l’un de vestiges les plus anciens du palais. Les fresques ont la grâce habituelle de Fra Angelico. Avant de vous rendre à la chapelle Sixtine, vous pouvez visiter les appartements des Borgia, peints à fresque par Pinturicchio et ses élèves.

Infos pratiques

  • Musées visités le 27 avril 2010
  • Ouvert de 8h45 à 16h45 (mars-octobre), de 8h45 à 13h45 (novembre-février et le samedi)
  • Transports : Rome, Metro A, Cipro
  • Durée de la visite : 3 à 5 heures
  • Acheter son billet en ligne

Galerie Photos

Figurines d’animaux sacrés

Figurines d'animaux sacrés

Sarcophage en pierre du prêtre Sema-Tauy

Sarcophage en pierre du prêtre Sema-Tauy

Fragment de relief d’une tombe

Fragment de relief d'une tombe

L’école d’Athènes, de Raphaël

L'école d'Athènes

Statue en marbre de Antinoüs

“ J’ai vu un ange dans le marbre et j’ai seulement ciselé jusqu’à l’en libérer. ”
Michel-Ange

La Chapelle Sixtine

Construite par Giovanni di Dolce sous le pontificat de Sixte IV (1471-1484), cette vaste salle rectangulaire coiffée d’une voûte en berceau servit de chapelle privée aux souverains pontifes. C’est ici que, depuis des siècles, se tiennent les conclaves pour l’élection du pape. Le sol dessine un ravissant opus alexandrinum, un motif inspiré des pavements cosmatesques des XIIIe et XIVe siècles.

L’élégante grille qui divise la chapelle en deux a été sculptée par Mino da Fiesole, Andrea Bregno et Giovanni Damatala. La gloire de la chapelle Sixtine est, bien sûr, la décoration à fresque de ses murs et de sa voûte. Celle-ci a été récemment restaurée et débarassée des rajouts afin d’être rendue dans son état original. Nombreux sont ceux qui considèrent ces fresques comme l’aboutissement suprême de l’art de la Renaissance, voire de l’art universel.

Les travaux de décoration de la chapelle Sixtine peuvent être divisés en trois périodes, chacune coïncidant avec une évolution majeure dans l’art de la Renaissance. Les fresques des murs furent réalisées par différents artistes entre 1481 et 1483. La voûte fut peinte par Michel-Ange entre 1508 et 1512. Enfin, le mur de l’autel fut exécuté toujours par Michel-Ange, mais bien plus tard (1534-1541).

Les murs longs de plus de 40 mètres furent peints à fresque par les peintres florentins et ombriens les plus célèbres de la Renaissance : Pinturiccio, Botticelli, le Pérugin, Ghirlandaio, Rosselli et Signorelli. À cette époque, sous l’impulsion d’une papauté toute-puissante, l’épicentre de la Renaissance s’était déplacé de Florence à Rome. Sur la gauche, commençant dès l’entrée, sont illustrées des scènes de l’Ancien Testament : des Épisodes de la jeunesse de Moïse (Botticelli), la Punition de Coré, Dathan et Abiron (Botticelli), et la Mort de Moïse (Signorelli).

Sur la droite, ce sont des scènes du Nouveau Testament avec notamment le Baptême du Christ (Pinturicchio et le Pérugin), la Tentation du Christ (Botticelli), la Vocation des apôtres Pierre et André (Ghirlandaio) et le Christ remettant les clés à saint Pierre (Le Pérugin). Sur le mur du fond se trouvent la Résurrection (Ghirlandaio) et Saint Michel (Salviati), tous deux remaniés par la suite.

À l’origine bleue et parsemée d’étoiles, la voûte a été redécorée par Michel-Ange à une période où la suprématie spirituelle et artistique de l’Église était incontestée. Michel-Ange ne fut pas particulièrement heureux d’avoir été choisi car il se considérait avant tout comme un sculpteur et souhaitait continuer de travailler au tombeau de Jules II (qui resta d’ailleurs inachevé et dont le magnifique Moïse se trouve à San Pietro in Vincoli). Quand il accepta, principalement pour évincer son rival Bramante, il transforma le projet de représenter les apôtres en une description de la Création bien plus ambitieuse, et passa ainsi quatre années de sa vie allongé sur le dos.

Un tel choix ne doit rien au hasard. La cosmologie de l’époque divisait l’histoire du monde en deux périodes : celle précédant la Loi (donnée par Moïse), et celle commençant avec l’arrivée du Christ : la Grâce. Comme la décoration des murs représentait la Loi et la Grâce, Michel-Ange choisit d’illustrer la première, à savoir la Création, le Jardin d’Éden et le Péché originel. Le résultat est véritablement prodigieux. N’oubliez pas d’apporter des jumelles pour pouvoir l’admirer correctement. Nous vous conseillons de commencer par la partie au-dessus de l’autel.

Neuf scènes principales sont illustrées en une succession de tableaux. L’origine du monde : Dieu sépare la Lumière des Ténèbres, la Création de la Lune, du Soleil et des Planètes, Dieu sépare les Eaux de la Terre et la Création des Animaux et des Végétaux. L’origine du genre humain : Création d’Adam, Création d’Ève. L’origine du mal : le Péché originel, Adam et Ève chassés du Paradis, le Sacrifice de Noé, le Déluge, et l’Ivresse de Noé. Autour sont représentés sept prophètes (de gauche à droite Jonas, Jérémie, Ezéchiel, Joël, Zacharie, Isaïe et Daniel) et cinq sybilles grecques. Les bandes entre les scènes sont décorées d’Ignudi, de magnifiques athlètes nus semblables à des statues antiques. Sur les lunettes triangulaires entre les sybilles et les prophètes figurent les Ancêtres du Christ attendant la délivrance et, aux quatre coins de la voûte, des scènes de l’Ancien Testament.

À l’époque où Michel-Ange entreprit le Jugement dernier à la demande du pape Paul III (1534-1549), l’atmosphère à Rome était au pessimisme. Le sac de la ville en 1527 avait engendré une grande instabilité politique et le mouvement protestant naissant inaugurait une période d’incertitude religieuse. Dans le Jugement dernier (qui fut nettement moins bien accueilli que la Création car considéré comme inconvenant en raison de la trop grande humanité de ses personnages dénudés, et que Pie VI fit d’ailleurs recouvrir par Daniele Volterra), on retrouve les tensions et les peurs de l’époque.

Au centre, un Christ sévère, athlétique et imberbe, est entouré de la Vierge et de saints. En dessous, sur la gauche, des élus montent vers le ciel, alors que, sur la droite, les damnés sont rejetés dans le fleuve de l’Enfer par Caron, impassible sur sa barque. Michel-Ange a donné à Minos, le juge des damnés (le personnage dans l’angle inférieur droit avec des oreilles d’âne enlacées par une chevelure de serpents), les traits de l’un de ses critiques les plus virulents, Biagio da Cesena, membre de la Curie romaine. Michel-Ange y apparaît également sous les traits d’un saint Barthélémy imberbe (en-dessous et à droite du rédempteur), tenant sa peau écorchée (rappel de son martyre).

Visite Virtuelle 360°

La Chapelle Sixtine

Chapelle Sixtine, visite virtuelle

Vue générale 360°

La cour de la Pigne et la sphère d’Arnaldo Pomodoro

Galerie Photos

Amphores

Amphores

La Crucifixion de Tomaso Lauretti

La Crucifixion de Tomaso Lauretti

Galerie des Cartes Géographiques

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